lundi 5 novembre 2007

dr Salomon Deruf-Dr en Sciences cognitives-NY-USA


Les Parents ont-ils le droit de dissimuler leurs souffrances par des Non-dits?

[ 1ère partie ]

Nos enfants doivent-ils s'intéresser à notre passé,à notre vécu ?
La révélation d'un certain nombre de Non-dits peut avoir des conséquences incalculables.
Si l'enfance du Père (ou de la Mère) est à l'opposé de celle de l'enfant,les Parents ont souvent envie que leur enfant comprenne d'où il vient ; par contre , si l'enfance des Parents a été marqué par une grande souffrance , mais qu'ils ont réussi à élever leur enfant dans un certain confort,le résultat est souvent différent.

Prenons un exemple tragique: la shoah

Pour nos Parents,fils ou fille de la shoah,une telle tragédie a été l'évènement le plus traumatisant et le plus marquant de leur vie.
L'enfant va en prendre conscience dès son plus jeune âge où il va être confronté aux Non-dits, à des regards voilés , à des gestes à peine ébauchés...............bien que très curieux, l'enfant ne va poser aucune question ,et ne va pas s'approcher de certains lieux ou de certaines images médiatiques.
Les Parents peuvent demeurer très silencieux, et souvent très réticents car leurs souvenirs sont pénibles : d'une part ils savent pertinemment que l'enfant ne peut intégrer l'holocauste ( eux-memes l'ont ils intégré?) et d'autre part , ils ne veulent en aucun cas ni lui dire qu'ils ont souffert ,ni lui montrer que la vie peut être imprégnée de forces impures .
Or pour l'enfant, le monde est perçu dès le départ comme une organisation parfaite et complète,où les effets sont reliés aux causes et ceci , avant toute représentation intellectuelle.

Si les Parents ne parlent pas de la shoah à leur enfant, celui-ci peut mal interpréter ce silence notamment en pensant que ses Parents le jugent incapable de percevoir la souffrance.
Bien que cela soit en partie vrai , l'enfant se sent indigne de recevoir des confidences.
Alors que très souvent le silence des Parents est basé sur le désir de surprotéger leur enfant , celui-ci le ressent comme un signe de sa possible immaturité et il peut , dès lors , par représailles masquer des aspects importants de sa propre vie .

Bien des situations sont difficiles à expliciter aux enfants.

" l' être humain est un être de langage " a dit un jour Françoise Dolto ,ce sont par les échanges de langage que l'enfant va se construire depuis sa conception et tout au long de son développement. Le langage doit être en harmonie avec le comportement , il va permettre à l'enfant de surmonter des épreuves ,ce qui ne passe pas par le langage (les Non-dits) reste pour l'enfant , privé de sens.
Alors , bien-sur , il faut se demander si on doit tout dire à un enfant?
La fameuse excuse qui consiste à dire que l'enfant est trop petit pour comprendre , est un leurre ; les Parents se doivent de montrer à leur enfant qu'ils supplient chaque jour D.ieu de lui épargner de telles souffrances .
Il faut parler à son enfant avec des mots simples ,le ton employé doit être normal et non enfantin;tout vocabulaire bêtifiant ,toute condescendance tendrait à montrer que l'on perçoit l'enfant comme un être peu intelligent.
La finalité d'un tel dialogue est d'essayer de montrer à l'enfant ce qu'il peut gagner à affronter une situation difficile; D.ieu envoie à l'individu une épreuve qu'il a toujours la possibilité de surmonter,l'enfant doit acquérir la madréga qui lui permette de penser que tout est pour le Tov


Fin de la 1 ère partie-Dr S.Deruf-Dr en Sciences cognitives-New -York-5768














lundi 2 juillet 2007

Chemita et Mont Sinai


Texte de Mr Nathan Lemmel et Dr Aharon Feldmann
Dans la Paracha Behar [Vaykra] , il est dit dans le premier verset "Behar Sinai" , Rachi pose alors une question:"Que fait le sujet de la Chemita auprès du Mont Sinai?".Il y répond,cependant malgré sa réponse,une interrogation demeure!
Pourquoi avoir spécialement choisi la Mitsva de la Chemita et pas une autre?
Autrement dit,pourquoi choisir la Mitsva de Chemita comme l'archétype des Misvoth dispensées au Mont Sinai?
Cette question est d'actualité puisqu'Israel entame ses préparatifs pour l'année de la Chemita 5768.
Quand il vit sur sa terre,le peuple Juif a l'obligation d'interrompre tous les sept ans les travaux des champs pour laisser la terre se reposer,à l'image du jour du Shabbes chaque semaine.
Ce parallélisme inouïe justifie que D-ieu a crée l'univers ex-nihilo et que l'observance d'une septième année shabbatique de la terre atteste que D-ieu est le Créateur.
Ceci étant, certains commentateurs se posent une autre question:
Pour quelle raison les Lois de la Chemita ne font pas partie du quatrième commandement?
[" Souvient toi du jour du Chabbat"]
Un certain nombre de Lois ont été mentionné dans la Paracha Michpatim [ 23:10-12] ainsi que dans le Rachi afférent.
Une rapide comparaison des Lois de la Chemita avec celles du Shabbes révèle leur similitude.
Les restrictions de la Chemita concernent uniquement l'agriculture,on ne peu t pas semer des graines,moissonner,engranger............durant cette période.
Bien sur ces restrictions s'appliquent au Shabbes,mais ce dernier est beaucoup plus stricte!
En effet à Shabbes , on ne cuisine pas,on ne porte pas , on n'écrit pas , on ne coupe pas........;la profanation du Shabbes est punie plus gravement que les transgressions des lois de la Chemita,sans doute parce que le jour du Shabbes est le plus saint et donc que les infractions qui s'y rattachent sont plus grave.

Le rapport entre la Mitsva de la Chemita et le Mont Sinai nous est expliqué ,entre autre, par le Rabbi de Gour ( commentateur du 19eme siècle) dans son ouvrage fameux le Sefath Emeth.
Selon nos Sages [ Avoth 4-9] " Celui qui accomplit la Torah dans la pauvreté finira ar l'observer dans l'opulence" et selon le Roi Salomon [ Michlée 30, 8-9] " Ne me donne ni pauvreté ,ni richesse car dans la satiété ,je pourrais Te renier en disant "" Qui est H-achem""
C'est la raison pour laquelle nos Sages nous enseignent que celui qui a surmonté l'épreuve de la pauvreté sans pour cela abandonner l'observance des Misvoth ,H-achem le fera accéder à la richesse ,tout en lui assurant qu'il traversera cette nouvelle épreuve avec succès.
C'est pour cela qu' Il a dirigé les enfants d'Israel dans le désert " Il t'a affligé, Il t'a affamé"
[ Devarim 8-3] pour pouvoir affronter l'épreuve de l'opulence en Erets Israel, et de ce fait pouvoir s'adonner à l'étude de la Torah et accomplir les Misvoth.

C'est ce principe qui,selon le Sefath Emeth, semble transparaître dans la Mitsva de la Chemita; on ne doit pas faire du travail de la terre, sa réoccupation première.
Quand l'homme aura observé l'année de la Chemita avec toutes ses Lois et qu'il aura surmonté l'épreuve de la "pauvreté",il méritera alors les six années suivantes de s'adonner à l'étude de la Torah dans "l'opulence".
La Chemita est en fait,une représentation de l'observance des Misvoth dans le vécu de l'homme;en effet la Torah et les Misvoth conduisent la vie de l'homme selon trois axes principaux:la relation de l'homme avec son Créateur,la relation de l'homme avec lui-meme et la relation de l'homme avec autrui.
L'observance de la Chemita et de ses Lois contient intrinsèquement ces trois axes,elle peut donc prétendre à être l'archétype de toutes les Misvoth!
On peut d'ailleurs remarquer que dans les Pirke Avoth ( Maximes de nos Pères),il est dit que le monde tient sur trois piliers: la Torah , la Avoda (relation entre l'homme et D-ieu) et sur la Guémilout Hassadim Hessed (relation de l'homme avec autrui)

dimanche 20 mai 2007

réflexions:texte de Meir Feldmann-5767

Shiour du Rav Moshé Shapira chlita sur le livre de "Michlé"[les Proverbes] avec commentaires du Gaon de Vilna

Avertissement:le texte n'est qu'une adaptation en français d'un "shiour" du Rav dont la retranscription non exhaustive se voit naturellement limitée par la compréhension de l'élève,et par conséquent n'engage que sa propre responsabilité.


A l'occasion d'une explication du verset 10 du chapitre 5,le Rav va développer un thème d'une importance capitale: Quel est la forme authentique de la relation d'un Juif avec son Créateur.
Ce verset nous décrit les implications d'un lien qu'un homme entretient avec ce que Shlomo Hamelech nomme la "icha zara"-la femme étrangère-

" de peur que ne se rassasient des étrangers de ta force,et que ton labeur ne serve la maison d'un inconnu".

Le Gaon explique qu'il s'agit ici d'un atteinte à la partie dans l'homme nommée [ Roua'h],se manifestant sous deux formes:
1) le besoin permanent de bouger
2) un esprit soucieux obsessif
Ces deux troubles trouvent leur source dans les concepts [ Zar:étranger] et [ Nokhri:inconnu] et ne sont en fait que l'expression d'un mal unique!
C'est précisément ce double concept qu'on retrouve dans le verset (Psaume 81,10):

" Qu'il n'y ait pas en ton sein un dieu étranger,et ne te prosterne pas devant un dieu inconnu"

Explications du Rav:

1) Il y a "zar"et "nokhri" dans les deux versets précèdent,il n'est pas question ici d'une croyance erronée dans une quelconque "avoda zara",comme dans le verset [ dévarim 11:16]

" Faites attention de peur que ne soit séduit votre coeur ,que vous ne détourniez ,que vous ne serviez d'autres dieux et que vous ne vous prosterniez devant eux"

Rachi commente "d'autres dieux":ils sont indifférents à ceux qui les servent,l'idolâtre crie vers eux et il ne reçoit pas de réponse,il se retrouve donc comme un étranger [ Sifré].
Ici,la mise en garde ne vise pas le sujet sur lequel se porte le Service mais la façon de le servir.
Le rapport qui existe entre Hashem et nous est une relation de connexion.
Ce mode de relation implique que nous nous adressions à Lui dans un face à face .
Nous l'appelons par son Nom ,nous lui disons Tu,nous parlons avec un interlocuteur qui nous répond!
Cet avertissement du Deutéronome, ne constitue pas seulement une croyance futile comme adorer un pierre,c'est un Interdit de nous "adresser" à un "dieu" semblable à un étranger,qui n'entend pas;car se serait là une atteinte à la réciprocité de la théurgie.

2) La première fois qu'Hashem s'est adressé à nous, Il s'est dévoilé dans ces mots [ Exode 20,2]

" Je suis l'Eternel ton D.ieu ,qui t'ai fait sortir du pays d'égypte,d'une maison d'esclavage"

.......C'est Moi! celui que tu connais déjà,c'est Moi,qui m'adresse à toi!
Hashem s'adresse à nous de façon à ce que nous le connaissions.
en nous délivrant de l'égypte, Il s'est dévoilé afin que sous ce même dévoilement nos puissions toujours Le reconnaître.

3) Le second Commandement [ Exode 20:3]

" Tu n'auras point d'autre dieu que Moi."

Ce commandement vient exprimer la réciproque du premier Commandement,c'est à dire qu'une fois que j'ai compris comment Hashem se présente à moi,je m'adresse à Lui en tenant compte des mêmes modalités.
C'est de là que naît l'obligation d'accoler la prière de la "amida" tout de suite après la mention de la "géoula:libération".
Puisqu'Il s'est dévoilé à moi en qualité de libérateur,j'adresse ma prière au Libérateur.
Le mot "gaol" ( libéré) trouve aussi sa racine dans le terme " golel" ( dévoilé),on peut dès lors comprendre le principe de la "géoula" comme un dévoilement vers l'extérieur,alors qu'à l'inverse la "galout"(exil) se comprendrait comme un dévoilement vers l'intérieur,comme le démontre le Maharal de Pragues dans son ouvrage " Netza'h Israel".

En somme, nous avons le devoir de juxtaposer a "Téfila" au principe de la "géoula"afin de fonder notre Prière sur une antériorité;les " bra'hot" des jours de jeune en sont l'illustration parfaite " Celui qui a répondu à Avraham Avinou,Il nous répondra"; celui qui a répondu,c'est le dévoilement!

4) Le principe de cette connexion ,l'homme le porte en lui depuis la Création!
Quand je m'adresse à quelqu'un dont la face est tournée vers moi,le le reconnais ,et c'est précisément dans sa face que je trouverais les signes de reconnaissance [ dinim].

nous retrouvons cette notion de face à face ,dans la "Mitsva" de "Reia" ,c'et à dire l'obligation pour tout homme de voir et de se faire voir au "Beith Hamikdash" à l'occasion des "Trois Fêtes"
Il est d'ailleurs écrit à ce sujet [ Exode 23:17]:

" Trois fois par an ,chaque mâle parmi vous apparaîtra au Maître,D.ieu".
Les Sages du Traité Haguigua,lisent le mot " Reia" de deux façons:voir et se faire voir ;ainsi,de la mémé façon que tu viens voir,tu te fais voir!

5) la Kabbala des Richonim [ Pardes Rimonim,Chaaré Ora] nous dévoile que les mots "ani"(je),
"ata"(tu) et '"hou" (il) sont trois "kinouim"(surnoms) d'Hashem.
Quand je dis "tu" ,je m'adresse à ton "je".
Dès lors une réflexion sur l'antériorité s'impose à nous:puisque tout "je" s'adresse à un "tu", est ce que le "je" engendre le "tu"; ou au contraire le "je" n'existe que parce qu'il y a un "tu"?
Autrement dit, le "je" est-il la conscience de moi face à un "tu" antérieur,ou la marque de séparation laissant la place au "tu"?

Cette question est intemporelle,car elle est le propre de l'altéralité;la logique qui s'impose donc c'est d'envisager ces deux points de vue comme étant un seul phénomène ,lequel se divise en deux principes qui se nourrissent l'un de l'autre.
nous appellerons cet épiphénomène le "être ensemble".
A partir de là , on pourra affirmer que l'intensité avec laquelle je pourrais dire "tu" ,va déterminer la force de mon "je",car face à un mur,je n'ai pas de "je".

Le lieu unique où Hashem s'adresse à nous ,dans une association mutuelle , c'est la "Mida" de
"Malkhout", ici nous sommes tous les deux actifs.
C'est le lieu où le Roi et son peuple sont ensemble !
Le "je" , c'est la "Mida" de "Malkhout" ,par permutation des lettres de "ani",j'obtiens "Hayn"
(l'indescriptible) qi est la "Mida" de "Ketter"
C'est donc parce qu'Hashem veut que nous le servions uniquement dans cette dimension d'altérité ( Moi et toi) ,que sera qualifié d'étranger "zar" toute autre forme de relation!

6) En conséquence,quiconque sert une divinité ou une existence "enfermée",c'est à dire qui ne se serait pas dévoilée,meme si elle est vraie, s'appellera "serviteur de dieux étrangers".
Ce lien est aussi mentionné dans la Torah par " Connais le D.ieu de tes pères et sert le".

7) L'autre dégénerescence citée plus haut "Nokhri" sera une atteinte à la relation "face à face" du pont de vue de l'homme,à savoir une perte de sa face.
Tous les sens de l'homme se retrouvent dans son visage,auf le sens du toucher que le Rambam nomme "chose vile".
Les sens liés au "panim"(face) sont les canaux qui vont révéler les différents types de relation entre l'intérieur "p'nim"et l'extérieur.
L'intérieur désigne la parie la plus subtile de l'homme "la Neshama",alors que l'exterieur désigne sa partie la plus grossière " le corps".
Ainsi donc la face (panim) pourra etre désignée comme l'interface entre l'ame et le corps;c'est pour cette raison,sans doute,que le Rambam désigne le sens du toucher comme une "chose vile" ,il définit ainsi le strict rapport à l'exteriorité.
Tout homme agissant de la sorte, en niant sa face ,la perd et devient méconnaissable et donc inconnu("nokhri")!

En résumé , le principe des principes est pour nous la forme de service qui consiste à nous placer Face au Roi,dansun face à face où je lui parle et Il m'entend et me répond .
Nous n'avons pas d'autre service divin qu'avec e D.ieu qui s'est dévoilé au mont Sinai.
S'addresser à une divinité sans théurgie, c'est essayer de reproduire le rapport grec à la divinité,meme si elle était vraie,c'est une divinité indifférente et sans lien possible

Que D.ieu nous en protège...................

Meir Feldmann-Jérusalem-5767

jeudi 22 février 2007

L'ENFANT : Rav Yaacov Schlamme

Souvent, la question a été posée de savoir comment expliquer la rapidité et la facilité avec laquelle le petit de l’animal franchit les étapes qui le conduisent de sa naissance jusqu’à son indépendance, et inversement comment comprendre la lenteur et la difficulté extraordinaires avec lesquelles un enfant franchit les étapes depuis sa naissance jusqu’à son âge adulte en passant par son enfance et son adolescence.
Cette différence est d’autant plus étonnante qu’elle englobe non seulement le développement physique, mais aussi la maturation de l’esprit.
Que signifie cette différence ?

La qualité de vie de l’animal résulte directement de son instinct. Celui-ci est donné de manière parfaitement spécifique à chaque espèce animale.
Jamais une abeille ne construira ; jamais un castor ne produira de miel.
La croissance du corps de l’animal ne vise aucun autre idéal que celui que lui dicte son instinct. L’instinct inspire l’animal sans lui offrir beaucoup de choix.
Donc, rien n’empêche que son corps d’adulte lui soit très rapidement offert, et mis à la disposition de son existence instinctive, sans plus.
On peut dire que la croissance de l’animal ne lui procure aucune acquisition autre que l’existence instinctive vers laquelle elle le conduit.
Il en va tout autrement de l’enfant. Non seulement a-t-il vocation à une existence dont le plus important est dans les choix qu’il fera à l’âge adulte, mais déjà chaque étape de l’enfance, dans les bras de sa maman, au jardin d’enfants, à l’école, constituent des acquisitions qui seront déterminées dans ses choix d’adulte, donc dans ce qu’il y aura de plus important dans sa vie.

L’âge optimum pour l’acquisition de la marche, de la parole, de l’écriture, etc.…… n’est pas le même chez tous les enfants. Un enfant précoce pour ces acquisitions n’est pas nécessairement plus intelligent que les autres.
Le temps de la maturation présente en soi une grande importance, mais elle ne dépend pas toujours de la capacité intellectuelle. On peut commencer à comprendre ainsi la lenteur de la croissance chez l’enfant, par contraste avec celle du petit de l’animal, ou du poisson ou de l’oiseau d’ailleurs.
Chaque enfant a besoin du temps de grandir dans tous les domaines.
En plus du temps, il a besoin pratiquement de tout. Pendant de longues années, il comptera sur ses parents pour sa nourriture, son logement, son éducation.
Ses parents le combleront de ce qu’il a besoin. Suivant leur appréciation – elle-même construite sur les options de leur propre vie – ne pouvant pas donner tout l’importance sans limites , ils choisiront l’importance respective qu’ils attacheront aux besoins matériels , d’une part , et aux besoins moraux et spirituels , d’autre part, de leurs enfants.

C’est ainsi qu’un positionnement spirituellement fort des parents, guidera l’enfant vers une haute spiritualité. L’inverse se produira dans le cas de parents dont les efforts portent essentiellement sur la sécurité matérielle confortable.
Toutefois, il n’y aura eu de la part des parents qu’une sorte de fléchage, une sorte d’orientation. Finalement, c’est bien par sa liberté toute personnelle que l’enfant fixera son choix entre les différentes valeurs de la vie qui lui auront été inculquées. La décision lui appartient parfaitement.
Lorsqu’on réfléchit aux problèmes de l’enfance, plus on sera soi-même animé d’une haute spiritualité, et plus on sera capable de comprendre les enjeux qui font de l’enfance d’aujourd’hui la génération adulte de demain, et ensuite la clé des générations à venir.


Rav Yaacov Schlamme-5767

Texte du Rav Elie Lemmel

SAVOIR DONNER
Au tout début de son Histoire, le peuple Juif voit émerger Abraham, premier des Patriarches.
La qualité première mise en exergue par nos Maîtres sur lui est celle du Hessed,
la bonté, l’altéralité..
En effet, le fondement même de l’humanité étant basé sur le Hessed, il en est de
même pour le fondement du peuple d’Israël.
L’expression de ce Hessed passe, entre autre, par l’épisode bien connu de l’accueil des trois anges qui viennent annoncer à Avraham la future naissance de son Fils !
Avraham dépasse ici la douleur qu’il éprouve dans sa chair, suite à la circoncision qu’il vient de pratiquer sur lui, et il se précipite à la rencontre de ses invités.

DEPASSER SA PROBLEMATIQUE POUR SE TOURNER VERS L’AUTRE

Combien de fois avons-nous tendance à nous réfugier derrière nos soucis et nos difficultés, pour nous détourner du besoin de l’autre, parfois si proche.

Donner, c’est avant tout être prêt à voir, à sentir le besoin de l’autre, à se réserver la possibilité d’un regard (qui ne soit pas une aumône) en faisant
abstraction, même un court instant, de nos propres difficultés.

Les regards égocentriques que nous portons sur autrui, sont à l’origine d’une forme de cécité des sentiments, plus particulièrement quand ils créent une démarche impliquante.
Mais parfois,c’est le bien être et le confort dans lequel nous baignons qui va être à l’origine du geste vis-à-vis de l’autre,car sa souffrance vient nous interpeller !

Fermer les yeux, détourner la tête sur la misère, la souffrance, le désarroi de l’autre n’est pas toujours simple à faire ; alors on se tourne vers le don !
Il faut se rappeler, cependant, que le don ne se manifeste pas comme un geste déculpabilisant mais comme un geste de responsabilité vis-à-vis d’autrui, quel qu’il soit.

5766

Réflexions sur le Moyen-Âge

Le Moyen-Âge des manuels scolaires est une utopie !

On peut dire en extrapolant quelque peu que le dit Moyen- age s’est achevé vers 1950 avec la fin des terroirs !

Comment, alors, peut-on définir « l’homme médiéval » ?

Cet homme médiéval est une sorte d’homme invisible, il y a toujours eu de nombreux types d’hommes et de femmes qu’ils soient nobles, paysans, citadins…
Et tous ces individus, malgré leurs différences, ont eu un modèle commun idéalisé introuvable : l’homme.

Voilà pourquoi il faut se révolter contre la querelle des dates telles
1453 (prise de Constantinople) ou 1492 (découverte de l’Amérique) qui sont sans doute importante dans l’histoire événementielle ou politique.
Et encore !

Faire suivre le Moyen-Âge par la Renaissance est absurde,car si on réfléchit un peu, la logique intellectuelle du 15e et 16e siècle répond à l’un des fondements de la culture médiévale pour qui avancer revient à revenir en arrière et à se réclamer des sages de l’antiquité.
On devrait limiter le terme de Renaissance à une notion d’art et d’esthétique !
Il y a eu une succession de Renaissances, [VII-IX eme siècle] : les Carolingiens fondent un humanisme chrétien basé sur la redécouverte de la culture antique ;
[XIIeme siècle] Renaissance à Chartres de l’humanisme chrétien basé sur une nature réconciliée avec D.ieu , création en France et en Angleterre d’états chrétiens basés sur l’équilibre entre le spirituel et le temporel, sans compter les Républiques Italiennes !
Et que dire de la Renaissance classique du XVIeme siècle et de la Renaissance des lumières du XVIII eme siècle ?

Pour résumer, nous pourrions dire que chaque Renaissance s’est accompagnée d’un bouleversement économique, social et institutionnel ; dès lors, on pourrait
considérer que la Révolution Française est un phénomène médiéval ; en tout cas il a été réalisé par l’homme médiéval car en quoi les idéaux de 1789 différaient-ils de l’action d’Arnaud de Brescia (exécuté en 1155) pour avoir soulevé Rome contre l’autorité papale, ou de l’action d’Etienne marcel (1316-1358) qui rêva de donner une Constitution communale à Paris !
Bien sur, les révolutionnaires vont ignorer ces prédécesseurs pour se rapprocher des Romains et ce sont les Historiens du XIXeme siècle tels Augustin Thierry et Michelet qui vont sortir ceux-ci de l’oubli.

Alors cet homme médiéval, où est-il ?

C’est sans doute celui de la « Déclaration des Droits de l’Homme » car l’homme médiéval croit à la nature humaine et universelle.
Tous les modèles de sociétés vont s’articuler autour de cette notion au XVIII eme siècle : l’Homme déifie la Création dont il a reçu la jouissance pour travailler à son achèvement et rejoindre le C.réateur.
La différence entre l’homme du XIIeme siècle et celui de la révolution Française, tient à la différence de perception de D.ieu ; au XVIII eme siècle D.ieu devient le D.ieu de la Raison et de la nature, or cette notion a déjà été ébauchée au XIIeme siècle !
Nous sommes ici dans une vision gnostique de l’Homme ; dans cette gnose chrétienne, l’Homme, s’il est le centre de l’Univers est aussi un pêcheur.
Souffrance, humilité et Foi forment (ou doivent former) la devise humaine.
Or à cette époque, l’Eglise a fortement proscrit le manichéisme (opposition bien/mal) ; les hommes de cette époque ont donc des repères nets avec néanmoins de fortes tensions.
La définition du purgatoire (XIIeme siècle), qui accorde une vie à l’homme moyen pour se sauver, atteste cette tension entre D.ieu et le satan !

Parler de culture médiévale, c’est parler du Livre, référence religieuse ou non:

la Bible

Quelque soit leur niveau, les hommes du Moyen-Âge trouvent dans la Bible les fondements du savoir et de la vérité.
Jusqu’à la fin du XIXeme siècle, nous pouvons remarquer dans les sermons et les pénitentiaires (manuels à l’usage des confesseurs basés sur la matérialité de la faute), dans la littérature des colporteurs et les vignettes, la même dialectique, les mêmes exempla (anecdotes métaphoriques utilisées pour inciter l’homme à éviter le pêcher et assurer son salut) que dans les documents du XII eme et XIIIeme siècle.

Mais peut-on parler de Moyen-Âge, tant que ne se manifeste pas l’empreinte chrétienne sur la civilisation gréco-romaine, c’est-à-dire peut-on différencier l’homme médiéval de l’homme antique par la Bible ?

Oui et non ,cependant l’une des caractéristique du moyen age est la notion de la Femme et de l’Homme , du Couple ( et non du mariage) , car le mariage ,dans la forme judéo-chrétienne que nous lui connaissons , ne s’instaure qu’au XIIeme siècle quand il devient sacrement de l’église.
Il devient dès lors, la finalité de la notion de couple, ceci parallèlement à la diffusion du récit de la Genèse.
D’une manière générale, la culture médiévale commence quand on considère que l’Homme et la Femme ne forment qu’Un, à l’image du couple originel !

Pour notre Tradition, les couples réussis résultent des retrouvailles entre les deux moitiés d’une âme unique, celle-ci ayant été scindée lors de sa venue en ce monde et ceci se base sur les versets bibliques relatant la Création de l’Homme et de la Femme et sur un midrash rabbinique parlant de l’androgynie d’Adam.

Cette prépondérance du couple est primordiale !

Au point de vue intellectuel, la majorité des théologiens chrétiens, rejoignant en cela nos Maîtres, de mémoire bénie, ont affirmé qu’Eve a reçu directement son âme de D.ieu, tout comme Adam !

Notre Tradition, l’enseignement de nos Maîtres, a toujours considéré la Femme comme l’égal de l’Homme ; s’il y a eu des Patriarches, il y a eu des Matriarches.
Rachel et Léa ne sont elles pas les mères fondatrices du Judaïsme, ne représentent-elles pas le paradigme des Mères et des Femmes ?
Alors que la Torah en parle comme les Mères fondatrices , sans y attacher un sens primordial, le Livre de Jeremie nous montre Rachel « pleurant pour ses enfants » , elle devient alors le modèle de la Mère paradigmatique.
Alors que dans la Genèse, Rachel et Léa sont considérées comme des êtres humains avec leurs qualités et leurs défauts, dans le Livre de Jérémie, Rachel est un personnage maternel et humain, mais elle dépasse l’anecdotique pour agir sur le déroulement de l’histoire.

Au point de vue basique, les conséquences d’une telle vision du couple sont considérables.
En imposant le mariage aux paysans et aux propriétaires des grands domaines, les Carolingiens se sont mis dans la mouvance des esprits ; ils ont ainsi créé la cellule de base d’où est née l’essor démographique, économique et culturel de l’Occident.
Ainsi, à partir du XI eme et XIIeme siècle (réforme grégorienne) deux possibilités s’offrent à l’Homme : être clerc ou être laïc (non marié ou marié à l’Eglise). Mais quand elle glorifie le mariage, l’Eglise laisse apparaître une contradiction : le mariage est indissoluble et doit reposer sur le libre consentement des époux (la contrainte est un cas d’annulation).
Donc, malgré un verrouillage collectif, l’Eglise médiévale laisse la place à une pulsion individuelle : l’Amour comme un moyen de discernement et d’examen de Soi.
Le mouvement est donc lancé en Occident et va tenir une place fondamentale dans l’évolution psychique du monde occidental.

« L’œil, qui est l’archer en titre
D’Amour, eut beau lancer ses traits
Gracieusement
il n’a pu réussir vraiment
à blesser mon cœur .
Et pourtant j’aime d’un cœur pur et sincère,
Très loyalement . »

Guillaume de Machaut


« Ta beauté crée des chants charmants
Les mots sur toi sont si aimants
Car grâce et gloire assurément,
Sœur du soleil au firmament
Te sont liés.Que le diamant
De ta pommette est beau sur toi, »

Moise ben Samuel ibn Gikatilla (XI eme siècle)


Peut-on dire que le mariage dépend de l’Economie ?

Dire que le mariage dépend de l’Economie est aller un peu loin mais il ne faut pas oublier qu’au Moyen-Âge le monde du travail est omniprésent ; nous avons affaire à une culture où le loisir est inconnu et le couple est, dès lors, le fondement du travail ; d’autant plus que dès la diffusion de la Bible, de nombreuses controverses sont nées sur Adam et Eve.

La Bible montre l’Homme condamné par sa faute (si faute il y a) à gagner sa pittance à la sueur de son front, le Travail est une malédiction et de ce fait, en travaillant l’homme du Moyen-Âge peut racheter sa rédemption, ainsi pour l’homme médiéval, le Travail n’est pas une fin en soi, mais il permet d’atteindre une dimension spirituelle et créative d’où la devise des Bénédictins :
« Prie et travaille ». Le travail comme rédemption et la Prière incessante car personne ne connaît le moment du jugement dernier.

Pour résumer tout cela : le couple, le travail et la Prière ; alors pourquoi de nombreux historiens résument-ils le Moyen-Âge aux Rois et aux batailles ?

C’est de l’histoire événementielle, elle est importante mais pas fondamentale ; on devrait plutôt se souvenir des tensions sociales violentes (opposition entre les villes et les campagnes) et des révoltes dites hérétiques (contrecarrant l’ordre établi).
L’Homme médiéval vit au jour le jour et à peu conscience de la géopolitique et du mondialisme économique, qui est toute sont des valeurs modernes.

Cela dit, il a les textes bibliques comme point de repère !

Le Moyen-Âge adopte la Monarchie royale qu’elle fonde sur le sacre et l’onction reçus par David de la part de Samuel.
Le Roi d’Israël reste le prototype de tous les Rois d’Occident mais nous savons que D.ieu ,juste avant qu’Israël ait un Roi,fait à Samuel une critique saisissante de l’institution monarchique [ Samuel 1 :8] ;la légitimité du Roi ne peut provenir que de D.ieu !

Alors sommes-nous loin aujourd’hui de l’Homme médiéval ?

Oui, à des années lumières, les valeurs spirituelles et temporelles ont bien changées ; là où on parlait au Moyen-Âge de blasphème et d’hérésie, on parle aujourd’hui d’intégrisme et de laïcité.
Faute de références biblique et des écrits de nos Sages, de mémoire bénie, l’homme d’aujourd’hui est désorienté et risque de ne plus rien comprendre à sa propre histoire !

Dr Aharon Feldmann-5765

Sources :
- la civilisation de l’Occident médiéval-J.le Goff-1964
- la naissance du purgatoire - J.le Goff – 1981
- Histoire de la France religieuse
- La fin des terroirs - E.Weber-1983
- L’heure qu’il est D.Landes- 1987
- La Bible Trad.Rabbinat français
- Le Livre de Jeremie
- Poésies hébraïques amoureuse
- Le cœur d’Amour épris René d’Anjou

Texte du Rav Haim Yaacov SCHLAMME

A un niveau humaniste, les initiatives qui émanent de mécènes et de services d’entraides peuvent s’expliquer par le fait que des personnes animées d’un désir de dépasser leurs seules préoccupations pour leur propre personne et pour les membres de leur famille les plus proches, réfléchissent aux possibilités qui s’offrent à elles d’être à l’écoute de leurs sentiments de générosité, et de passer à la réalisation d’une activité altruiste. Lorsque ces réflexions débouchent sur une réalisation concrète, les personnes vivent la satisfaction de voir leurs efforts pour autrui porter leurs fruits.

Du point de vue de la Tora, on distingue d’abord le bien que l’on souhaite faire par volonté personnelle de celui qu’il nous est ordonné de faire par obéissance au Créateur. Il est évident que dans le premier cas, on s’affirme davantage de manière personnelle ; dans le deuxième cas, on s’efface par son action, accomplie en toute modestie, devant la Volonté du Créateur.

La deuxième perspective présente à son tour trois niveaux différents, qui correspondent aux trois niveaux du corps humain. Ce dernier présente, de haut en bas, la tête, siège du cerveau ; le cœur, siège du sentiment ;et enfin le ventre qui évoque les appétits.

On pensera au ventre dans le cas où une initiative recherche la satisfaction d’un appétit ; cet appétit n’est pas alimentaire, mais il appelle une satiété comparable à celle qui suit un bon repas. C’est le bonheur d’avoir réussi dans une entreprise généreuse.

Le cœur se situe plus haut. Il peut être le siège de sentiments très nobles. Il sera à l’origine d’initiatives très louables, très dévouées aussi, en même temps qu’elles s’accompagnent de certaines ambitions, d’une certaine recherche des honneurs.

Le cerveau permet de s’élever encore plus haut : Car il permet de comprendre que la capacité de faire le bien autour de soi, est un cadeau nous est offert par le Créateur. Notre réflexion approfondie peut, à partir de là, nous permettre de nous élever à un tout autre niveau. Les moyens matériels dont nous disposons nous apparaissent comme un potentiel que nous offre le Créateur, pour que nous en fassions profiter ceux qui sont dans le besoin. Tout se passe comme si ces moyens matériels appartenaient encore maintenant au Créateur, Qui ne les met à notre disposition que pour combler les manques, qu’Il a volontairement mis en place pour que nous achevions de les combler. Une initiative généreuse devient alors une participation à l’œuvre globale du Créateur. A Sa bonté créatrice, nous répondons par notre altruisme.

Dans les forêts créées par le Créateur, il ne pousse ni tables, ni chaises, ni armoires. Ceci permet aux bûcherons et aux ébénistes de participer d’une manière irremplaçable par leur travail à la perfection du monde. Les exemples peuvent être étendus à toutes les variétés socio-professionnelles.

Mais il n’en existe aucune qui ressemble à la bonté du Créateur autant que celle qui exprime la bonté d’une créature.

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